Monday, December 03, 2007

Extrait du kusen de la Rohatsu Sesshin - 11 décembre 2005



Extrait du kusen de la Rohatsu Sesshin - 11 décembre 2005

Par Jean-Pierre Faure

http://www.kanshoji.org/zen/enseignement.html

Il y a 2600 ans, l’homme Shakyamuni a reconnu qu’il était une forme de l’univers, qu’il était un enfant de l’univers, comme toutes les existences, comme nous.

Enfant de Bouddha, Bouddha lui-même, dans sa grande mansuétude et grande compassion, il nous invite à faire son expérience. Il n’a rien gardé pour lui, aucun secret.

Reconnaissons que nous sommes Bouddha depuis toujours. Hier, quelqu’un m’a demandé comment faire avec la colère. Simplement reconnaître que nous sommes Bouddha ; et si nous l’avons oublié, revenir à Bouddha.

Comprendre que la vocation de l’homme, c’est d’être l’homme véritable, c’est-à-dire Bouddha. Emporté dans le monde des illusions, la seule chose à faire, c’est revenir à notre état de Bouddha. Rien n’est important, aucune forme ne doit nous retenir, aucun projet ne doit nous aliéner, ne peut nous aliéner. Si l’on rencontre des difficultés, c’est parce qu’on se trompe de direction, on poursuit l’ombre. Toutes les situations qui nous sont données à vivre sont l’occasion de nous éveiller et de retourner à Bouddha. C’est ce qu’enseigne Shakyamuni, c’est en cela qu’il est honorable, vénérable.

Ainsi, Shinran a pu dire : « Même les bons seront sauvés, à plus forte raison les mauvais. » Certains, de par leur naissance, ont la chance d’avoir le cœur déjà ouvert. Certains, même, se croient d’une essence supérieure. Certains sont en chemin. Certains se croient arrivés, ce sont les bons. Mais il y a ceux qui sont accrochés, addicts, dont le cœur est serré, prisonniers, attachés. Attachés à la beauté, ils connaissent la souffrance quand la beauté se fane. Attachés à l’extase, ils connaissent la souffrance quand l’extase sombre. Attachés à l’amour humain, ils connaissent la souffrance quand l’amour meurt. Attachés au plaisir, quand le plaisir prend fin, ils connaissent la souffrance. À ceux-là, Bouddha dit : « L’attachement aux saveurs de la vie : non. Mais l’infinité des saveurs de la vie : oui. » Seul l’état de Bouddha le permet.

Pour cela, juste, ouvrez les mains, ouvrez votre cœur, relâchez toutes vos addictions, ouvrez votre esprit, revenez à ce que vous avez toujours été. À ce moment-là, vous pourrez manifester l’absolue sagesse, l’infinie compassion. Après qu’il se fut éveillé, Shakyamuni a longuement douté, hésité à transmettre cet enseignement parce que, dit-il, il va à l’encontre des désirs égoïstes dont nous sommes pétris.

La saveur de la vie : oui. L’attachement à la saveur : non. Infiniment subtil. C’est la grande liberté qui ne rencontre jamais d’impasse, généreuse. Aussi, je vous en prie, ne venez pas grossir la cohorte de ceux qui, parlant de l’enseignement du Bouddha, le traitent de nihiliste.

Bouddha, à la fin de sa vie, nous dit :« Si vous voulez, comme moi, devenir Bouddha, ce que vous êtes déjà, pratiquez zazen. » C’est la grande compassion de Bouddha.

Si l’on comprend le message de Bouddha, si l’on en voit la portée et la dimension, si notre cœur est plein de gratitude et de dévotion, à ce moment-là, naturellement, nous qui souffrons sommes aspirés. C’est pour cela que Shinran dit : « À plus forte raison les mauvais seront sauvés. »

Rien n’est pire que de faire preuve de pitié envers ceux qui souffrent. Tout le monde a envie de donner, surtout les pauvres. Il n’y a pas que les grands cœurs, même les petits cœurs sont Bouddha.